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Beaucoup d’artistes expressifs ont su, à travers leur vision du monde, imprimer sur les corps (charnels et/ou matériels), les plaies, les douleurs, les souffrances engendrées par notre environnement. Tout ce qui nous englobe a fortiori, tout ce que nous subissons sans mot dire, à maudire pourtant, mais tellement tatoué que cette empreinte va nous coller à la peau si nous ne nous extrayons point de cet englobement, engluement, encerclement. S’en sortir de ce corps martyrisé n’est pas évident, il faut tout quitter de ce qui nous enveloppe, il faut se déshabiller du regard des autres, pour ne garder que son propre regard épuré sur le monde. Car il reste encore, mais pour combien de temps, des espaces où le corps participe à la pensée, à ses pensées, c’est le cerveau sensualisé. Une expression qui contient les intelligences et les sensations associées. Non dissociées, elles prennent alors une ampleur gigantesque puisque chaque seconde le corps et l’esprit se marient, se mélangent, et tout l’univers y participe alors, il devient proche de nous, il n’exclut personne, il dialogue sans cesse avec nous, le corps et l’esprit arrivent à saisir les pensées et les sensations véritables des autres, car si je vois quelqu’un tomber, manger, s’exprimer, les lobes de mon cerveau qui correspondent à ces actions sont aussitôt stimulés, je peux donc vivre (en pensées) ce qu’est entrain de vivre cet autre.
Ces artistes du corps savent donc vivre, dans leur corps et leur esprit, et donc expérimenter ce qu’il se passe dans ces corps autres. Merci pour ces images qui partagent les sensations et stimulent la réflexion.